1. PRÉSENTATION:
Individu (philosophie), du latin individuus (« indivisible »), être biologique ou humain qui forme une unité distincte et qui ne peut être divisé sans être détruit.
Les problèmes philosophiques que pose l’individu ont trait, d’une part, à son être et à son unité et, d’autre part, aux rapports qu’il entretient avec les ensembles dont il dépend.
2. CONCEPT PHILOSOPHIQUE:
Le mot « individu » (du latin individuum, traduction du mot grec atomon) désigne, dans Timée de Platon, une chose indivisible matériellement : on peut certes matériellement découper un corps, mais on n’a plus affaire à un individu, seulement à des morceaux de corps. L’indivisibilité à laquelle renvoie le terme est donc essentiellement conceptuelle, et dans une moindre mesure matérielle
a. Principe d’individuation:
L’individu est pensé à la fois par rapport à lui-même — en tant qu’indivisible — et à un tout dont il est une partie. L’individualité, ce qui distingue un être de tous les autres, est définie par le principe d’individuation, à savoir par la disposition de la matière dans le temps et dans l’espace, selon Thomas d’Aquin, ou par l’unité de la matière et de la forme, selon saint Augustin. La distinction individu-tout conduit à l’opposition singulier-universel. Guillaume d’Occam développa sa théorie nominaliste à partir de la singularité absolue de l’individu.
b. Approches ontologiques et épistémologiques:
L’ambition de connaître l’individu atomique et unique participe de la volonté de saisir des réalités ultimes en biologie, en chimie, en logique, en philosophie ou dans les sciences humaines. Se posent alors, explicitement ou implicitement, les problèmes ontologiques fondamentaux : les réalités élémentaires et originaires qui composent le réel sont-elles individuelles, comme chez Guillaume d’Occam, en interdépendance, comme les monades de Leibniz, ou bien en relation avec des réalités transcendantes, comme chez Platon ? De plus, cette connaissance de l’individu est-elle possible ?
Si l’individu dépend dans son fond même d’autres individus ou de réalités transcendantes, la connaissance de l’individu ne peut être ni première, ni totale ; si l’individu est relativement autonome, sa connaissance est aussi problématique. En effet, dans les deux cas, affirma Aristote dans la Métaphysique, il n’y a de connaissance que du général et jamais du particulier, donc de l’individu. Leibniz devait recourir à l’entendement divin pour penser l’essence même de l’individu (Discours de métaphysique, 1686). Cette solution mit en évidence un problème à partir duquel deux types de philosophie se développèrent : d’une part, celles qui prétendent penser l’individualité de l’individu, comme les systèmes de pensée de Leibniz ou de Hegel ; d’autre part, celles qui trouvent dans l’individu et dans l’existence singulière une limite au système et au concept, comme le soutenaient Rousseau, Kierkegaard ou Nietzsche. Le concept d’individu est donc fondamental en philosophie : son enjeu est la limite même de la philosophie.