Les causes de la raréfaction ou de la disparition des espèces sont multiples. Souvent, les espèces menacées le sont pour plusieurs raisons à la fois. De plus, plus une espèce est rare ou présente seulement sur un petit territoire (espèce endémique d’une région), plus elle est sensible à tous les facteurs de menace.
LES DIFFÉRENTES MENACES QUI PÈSENT SUR LES ESPÈCESLa destruction des habitats
Quand un habitat (une forêt, un marécage, une rivière) est détruit ou abîmé, les animaux et les plantes qui y vivent sont le plus souvent condamnés à disparaître.
C’est le cas quand une forêt est coupée (c’est la déforestation), quand un marais est asséché, quand des bosquets ou des prairies sont transformés en pâturage, quand les villes s’étendent, etc. Par exemple, dans les forêts de Madagascar, qui souffrent d’une déforestation intensive, toutes les espèces de lémuriens sont menacées.
À cause des activités humaines, les habitats disponibles pour les espèces deviennent moins nombreux et moins vastes ; ils sont morcelés en parcelles isolées. Le territoire des animaux est découpé par des routes ; le cours des fleuves est interrompu par les barrages.
La chasse excessiveLa chasse excessive a provoqué la raréfaction ou la disparition de nombreuses espèces. Par exemple, dans les forêts d’Amérique du Nord, vivaient au xixe siècle des millions de pigeons migrateurs. Ces oiseaux ont été massacrés par les chasseurs : l’espèce a disparu définitivement dans la nature en 1900 (le tout dernier pigeon migrateur de la planète est mort dans un zoo en 1914).
Autre exemple, les baleines : chassées à outrance pendant des siècles, elles sont toutes passées très près de l’extinction, et sont aujourd’hui toujours menacées.
De même, les rhinocéros d’Afrique et d’Asie ont été massacrés pour leur corne (qui a de prétendues vertus médicinales miraculeuses) : les cinq espèces connues (deux en Afrique et trois en Asie) sont aujourd’hui en grave danger de disparition.
La capture d’animaux sauvages et la cueillette de plantesLe commerce d’espèces sauvages (par exemple les perroquets et les perruches, les mygales, les papillons ou les bulbes d’espèces végétales rares) intervient aussi pour beaucoup dans la diminution de la biodiversité.
La cueillette des fleurs de plantes menacées les empêche aussi de se reproduire et augmente leur risque de disparaître.
L’introduction de nouvelles espèces ou de maladiesLes écosystèmes sont des équilibres fragiles. Quand l’homme introduit, volontairement ou non, une nouvelle espèce ou une nouvelle maladie dans un milieu, il met en péril l’équilibre de l’écosystème tout entier. En effet, les animaux et les plantes d’un écosystème sont adaptés aux conditions de leur habitat, et n’ont la plupart du temps aucune défense contre une maladie importée ou un nouveau prédateur. En effet, face à un prédateur qui n’existait pas auparavant dans leur milieu, les proies n’ont aucune arme ou stratégie de défense. Face à une nouvelle maladie, les espèces sont souvent décimées, car elles ne l’ont jamais rencontrée et leur organisme n’est pas protégé contre elle.
Par exemple, il existe en Amérique du Sud un gros crapaud très vorace, le crapaud marin. Il a été introduit en Australie au xixe siècle pour lutter contre les insectes et les rongeurs qui s’attaquaient aux plantations. Mais il y est rapidement devenu un véritable fléau, dévorant sans distinction et en grande quantité toute sorte d’animaux (rongeurs, oiseaux, scarabées, amphibiens, reptiles, etc.). À la même époque, un insecte parasite de la vigne d’Amérique du Nord, le phylloxéra, est arrivé de façon accidentelle en Europe : il a dévasté les vignes européennes, qui n’ont pu être sauvées que par des greffes avec une espèce américaine.
La pollutionDe nombreux produits chimiques sont aujourd’hui présents dans les chaînes alimentaires. Ce sont par exemple les engrais utilisés dans les champs, les rejets des usines ou encore les insecticides. Le DDT, par exemple, est un insecticide qui est désormais interdit dans de nombreux pays à cause de sa toxicité. En effet, déposé sur les plantes cultivées, il pénètre dans l’organisme des rongeurs qui mangent les tiges et les graines. Le produit s’accumule dans l’organisme des prédateurs qui chassent ces rongeurs. Chez les oiseaux de proie (comme les faucons, les buses et les aigles), le DDT accumulé provoque des malformations des oisillons et la fragilisation des coquilles des œufs ; et donc la diminution des populations de ces oiseaux qui ont du mal à se reproduire.
La pollution et le réchauffement des eaux ont aussi décimé de nombreuses espèces de poissons d’eau douce.
Le réchauffement du climat
À cause des gaz polluants rejetés dans l’atmosphère par les activités de l’homme (les industries, les gaz d’échappement des voitures, etc.), le climat de la Terre se réchauffe. Ce changement climatique se produit très rapidement (on pense que la température moyenne de la planète va augmenter de 1,4 à 5,8 °C d’ici la fin du xxie siècle). Associé aux autres menaces qui fragilisent les plantes et les animaux, il met en péril de nombreux écosystèmes et espèces. Faute d’avoir le temps de s’adapter, ou de trouver de nouvelles régions qui leur conviennent, beaucoup d’espèces de plantes et d’animaux sont probablement condamnées à disparaître si on ne parvient pas à enrayer le réchauffement de la planète.
DES RÉACTIONS EN CHAÎNELa raréfaction ou la disparition d’une espèce a des répercussions sur les autres espèces de la chaîne alimentaire et, à plus long terme, sur l’ensemble des écosystèmes. En effet, tous les maillons des chaînes alimentaires sont liés les uns aux autres. Toucher à un maillon, c’est toucher à un ou plusieurs autres, de façon directe ou indirecte.
Par exemple, au début du xxe siècle aux États-Unis, le loup, trop chassé, disparaît totalement du parc naturel de Yellowstone (dans l’ouest du pays). En l’absence de ce prédateur, les élans (de grands cerfs), leurs principales proies, se sont multipliés sans contrainte. Or, les élans se nourrissent de pousses d’arbres. Devenus trop nombreux, ils ont alors provoqué la disparition de certaines espèces d’arbres, en les empêchant de pousser. Fautes de suffisamment d’arbres à ronger, les castors se sont raréfiés, puis ont disparu du parc dans les années 1950. Sans les castors, certaines plantes aquatiques qui poussaient sur les plans d’eau derrière leurs barrages ont disparu à leur tour. Or, ces plantes servaient de nourriture aux ours sortant d’hibernation… La disparition d’une espèce peut ainsi entraîner la raréfaction ou la disparition d’espèces avec laquelle elle n’a aucun lien direct.
Depuis la réintroduction des loups dans le parc de Yellowstone en 1995, la situation de cet écosystème est en train de se rétablir (les élans sont moins nombreux, les arbres repoussent, les castors sont réapparus, etc.).