1.Présentation
Beau (philosophie), (du latin bellus, « joli », « charmant », « agréable »), en philosophie, concept désignant ce qui éveille une émotion esthétique (dépendante du goût), ce qui procure un plaisir admiratif et désintéressé.
Que Hésiode ait lui-même qualifié Pandore de kalon kakon (« beau mal ») souligne l’extrême versatilité de cette notion. Normatif ou catégorique, applicable aux objets naturels comme aux produits artificiels, la philosophie n’a pu réquisitionner ce concept qu’au prix de sa réduction esthétique (sensible), éthique (bien) et aléthique (vrai).
2. DU BEAU ET DU BIEN
Du point de vue esthétique, le beau se rapporte plutôt aux arts plastiques (architecture, peinture et sculpture), c’est-à-dire au sens de la vue (pour autant que la vue est un contact à distance et le toucher une perception sans recul). Cette détermination optique à laquelle la notion de plaisir est attachée remonte au moins à Platon, comme l’atteste l’Hippias majeur (Du Beau), sans doute le premier traité d’esthétique qui nous soit parvenu. D’emblée, à l’encontre même de la langue grecque qui identifie volontiers le beau et le bien (kalonkagathon), Platon subsume — dans le Banquet notamment — le premier au second terme, quoiqu’il admette que les beautés corporelles sont susceptibles, successivement et par ordre croissant de généralité, d’inspirer de belles occupations (citoyen), de belles lois (politique), puis de belles sciences (discours) ; à moins que ce beau sensible n’éveille ici-bas le souvenir de la beauté essentielle qu’il nous fut donné de contempler lorsque nous faisions encore partie du cortège des âmes ailées emportées dans le cycle de l’âme universelle, comme le suggère plus tard le mythe du Philèbe.